
« Rien n’est permanent, sauf le changement ».
Voilà là un message tout à fait contemporain et datant pourtant du 6ième siècle avant Jésus-Christ (Héraclite d’Ephèse).
Accueillir le changement pour pouvoir se développer avec lui et trouver des solutions à des problématiques complexes, être en adéquation avec son époque, s’adapter aux impératifs nouveaux de notre société et du monde, semblent bien être la clef de l’évolution naturelle de l’individu, de l’entreprise et de la société.
La nouveauté rime cependant souvent avec anxiété ou peur et est d’ailleurs identifiée comme le facteur principal de stress.
Et la Vie même vient de nous apporter son lot de nouveautés, de changements profonds et donc de stress.
Quand je réfléchis à ce qui peut freiner ma propre adaptation à ce monde d'aujourd'hui, en tant qu'individu dans ma sphère personnelle, familiale, sociale, et ma sphère professionnelle, je n'identifie principalement qu'un seul facteur, le stress :
Le stress m'incite à la routine et non au changement. Le stress m'enferme dans mes certitudes les confondant avec la réalité. Le stress me pousse à simplifier ma vision du monde. Tout est noir ou blanc, les nuances s'effacent. Mon regard ne se porte que sur les résultats et non sur la globalité des choses.
Je me rends compte qu'il n'y a eu pour moi qu'une seule lecture qui ait eu véritablement d'impact dans ma vie ces derniers mois, la lecture de "L"intelligence du stress" du neuroscientifique Jacques Fradin.
Selon lui, le stress, originairement déclenché en situation de danger extrême aux débuts de l’humanité, n’est de nos jours, dans la plupart des cas, que le reflet d’un dysfonctionnement cérébral : la non-communication entre deux parties du cerveau, notre conscience d'une part, en charge de s'appuyer sur tout ce qu'elle accumulé de connaissances et bonnes pratiques pour assurer les automatismes, et le néocortex frontal d'autre part, caché juste derrière la partie bombée de notre front, cœur de la créativité et de l’intelligence adaptative.
L’intelligence adaptative « est plus ou moins refoulée par les territoires dits automatiques… Quand l’intelligence préfrontale n’est pas en accord avec une pensée ou une action provenant des territoires automatiques, ce conflit intérieur semble être détecté par le cerveau reptilien et traité comme un signal de danger….Autrement dit, le stress semble survenir lorsque le mode automatique ne laisse pas sa place au mode préfrontal adaptatif en situation nouvelle…Le stress est le révélateur de cette aberration fonctionnelle. »
« Le mode automatique nous expose tout entier au risque de l’inadaptation, en visant pourtant l’inverse, la sécurité. »
L'intelligence adaptative, on l'a tous! Touchez votre front, vous la touchez!
Faire appel à elle, c'est plus délicat.
En aidant consciemment notre cerveau à équilibrer les exigences de la conscience face à la volonté du cortex pré-frontal de se faire entendre, nous pouvons laisser notre intelligence adaptative s'exprimer davantage, tout en réduisant une partie du stress qui nous pèse tant.
A chaque époque, ses mots. Il y a la mode vestimentaire et il y a la mode des mots. Les marketeurs le savent bien d'ailleurs.
En ces temps complexes, le verbe "se-réinventer" s'affiche dans tous les écrits.
Et notre monde, nos sociétés, nos organisations, nos entreprises doivent pouvoir envisager de se ré-inventer, en acceptant la nouvelle donne, en développant une curiosité sensorielle, en nuancant nos analyses de la situation, en adoptant une réflexion logique et en refusant des prises de position un peu trop "grégaires".
Cela commence par l'identification, l'acceptation et l'accueil du stress, cet incroyable porte-voix de notre adaptabilité.
Cela se poursuit avec un travail intime avec soi-même pour à la fois solliciter le cortex préfrontal et maîtriser le stress.
A nous de nous exercer à faire preuve d'ouverture d'esprit, de souplesse, de nuance et relativité dans nos jugements, de logique, de créativité. A nous aussi de valoriser nos opinions personnelles pour trouver nos solutions propres.
Je vous laisse découvrir un livre bien utile !